Presse






Nouveauté. Dix-neuf miniatures (bribes de pièces plus étendues ?) aux titres sibyllins, agencées en une séquence dont il est impossible de prédire le déroulement. Les sonorités saturées des synthétiseurs évoquent plus d’un fois celles que Sun Ra tirait du brinquebalant Rockichord et autres Crumar au rendu potentiellement cataclysmique. Le saxophoniste suggère au fil des ambiances tourmentées divers degrés d’acrimonie. Tito Alba cultive de belles lancinances et Dauck en appelle aux célèbres pépiements zorniens. Claviers colériques et ténor grenu figurent adéquatement quelque chaos social sur War, un contrepoint nostalgique au piano s’y superposant en re-recording. Le duo ne se refuse rien, recourt à la pulsation (Kâverî Judava) et à la mélodie (Pop Völklingen), alterne unissons hargneux (le thème d’Öffnung) et incartades à la subtilité feutrée (Neaissem II, Sérielle). Pour autant, le disque ne donne pas l’impression de constituer un simple catalogue ; il possède au contraire une véritable identité. Le duo ne se situe ni dans le camp du jazz ni dans celui de la musique improvisée, mais il puise dans ces deux approches cardinales les éléments et techniques aptes au façonnement d’un sillon original. D’éloquents fragments.

David Cristol (Jazz Mag Juillet 2014)

Découverte Jazz News :

Bribes a une sacrée gueule d’atmosphère. Membres de la fructueuse nébuleuse Coax, Romain Clerc-Renaud (claviers) et Geoffroy Gesser (saxophone) accouchent d’un disque de baptême en forme d’obscur objet du désir. Avec sa pochette dépouillée et ses 19 pièces aux titres mystérieux, l’opus plonge l’auditeur dans un parcours fabuleux aux mille et une ambiances. Bruitiste ou cajoleur, furieux ou délicat, ténébreux ou lumineux, Bribes passe pas toutes les nuances de l’arc-en-ciel du dialogue sonore. Remarquablement enregistré, l’album propose des éclats de Jimmy Giuffre des accents de Benoît Delbecq, des réminiscences de David Lynch. Une fois l’écoute achevée, on n’a qu’une envie : le remettre en route pour saisir toutes les subtilités.

Mathieu Durant (Jazz News août 2014)


BRIBES, Mélodie en sous-sol
C'est de la galaxie coax que vient cet ovni en forme de duo. Sidérant.

Prononcer à la française et non à l'anglaise. Pas de "dessous-de-table" entre eux, plutôt des passes d'armes ludiques, signes d'une complicité évidente. Bribes, c'est Geoffroy Gesser, saxophone, et Romain Clerc-Renaud, claviers, tous deux d'abord réunis dans le trio Osmauve et depuis deux ans en duo. L'une des propositions les plus réjouissantes de la galaxie Coax, collectif qui débride les musiques sans dogmatisme. Bribes, c'est du côté du trio de Jimmy Giuffre et Paul Bley, comme de Benoît Delbecq - avec lequel le pianiste a étudié -, qu'il faut chercher leur héritage. Une libre association d'idées, des variations de formes et de rythmes, des dialogues sculptés à vif. Bribes, donc, pour ces fragments de mélodies qui émaillent des pièces au long cours. En commun, "l'envie d'aller vers des ballades, d'agencer des fragments de thèmes dans une dramaturgie", avec "un travail du son très ouvert, la recherche de matières bruitistes", insistent-ils. "On a besoin de se surprendre, de ne pas trop figer les choses." cette alliance singulière fait la richesse de leur aventure : mêler le lyrisme des thèmes à des envolées free, être exigeant sur la forme tout en favorisant le lâcher-prise, composer une suite de miniatures dans une résolution d'ensemble.

Thierry Lepin (Jazz News octobre 2012)


Be Coq hier, Coax et Tricollectif aujourd’hui. Pouvez-vous me dire pourquoi je reçois tant de bon matériel provenant de la jeune génération française et si peu de matériel (bon ou mauvais) du Québec? Allez, les Québécois, je ne mords pas! (Ou si peu.) Be Coq, Coax et Tricollectif: surveillez ces labels, on y trouve des trésors de créativité. Bribes est un duo composé de Romain Clerc-Renaud aux claviers et de Geoffroy Gesser au saxo ténor. 19 courtes pièces, des vignettes, improvisées mais composées aussi (ou à tout le moins prédiscutées). Éléments jazz-punk et free rock, trucs construits, d’autres brutaux. Une créativité qui tient en haleine sur 54 minutes. Agressif mais stimulant.

Monsieur Délire

Un CD vivifiant ! 
Dés le premier thème, "Öffnung" (repris en fin d'album sous le nom de "Bribes"), liberté acidulée et puissance. Le 2eme ? Une furie d'une minute (seulement) au piano, et un sax tout aussi enfiévré : "Ring 1". Accalmie relative avec "Neaissem 1", un thème "long" (4:24"), avec des lacérations sonores, des stridulations hyperaigües qui viennent déchiqueter par moments ce semblant de quiétude.
Inutile de glosser sur chacun des morceaux. Il suffit de savoir que Bribes excelle à inventer des formules sonores avec seulement deux musiciens, avec énergie, que dis-je hargne, appétit insatiable de musique, sur des formules courtes (le plus souvent, autour de 2 minutes 30). Ces deux là ont retrouvé la verve irrévérencieuses des pionniers du free, en y alliant les explorations des matières sonores d'aujourd'hui et les ressources de l'électronique. Et lorsque le tempo se fait plutôt élégiaque, de très belles trames sont déployées, ou des ostinatos, ou bien d'autres trouvailles minimalistes qui surprennent, qui nous font dériver vers d'autres payages acoustiques, vers d'autres couleurs. Ayant opté pour des formes brèves, Bribes n'a d'autres choix que de se renouveller, de bifurquer, d'imaginer, en ne puisant qu'à faibles doses dans nos mémoires musicales : des balises incertaines et perverties, comme dans "Pop Völklinger", "Serielle", "Karevi Judava" ou le superbe "Free Vorn" qui clôt le disque.
Une pépite de plus dans le trésor de COAX.





Pas mal d’électronique (...) (mais pas que) avec ces “Bribes“ que nous proposent, toujours sur le très excitant label Coax, Romain Clerc-Renaud (piano et claviers) et Geoffroy Gesser (saxo-ténor). Un disque tonifiant où « des éclats puissants de free jazz se combinent à des atmosphères éthérées ».

Jean Buzelin, Culture Jazz


RADIO :


Open Jazz d’Alex Duthil, le 22 mai 2014, France Musique, 40'